Shrimps !
Concept pour:
- petit budget
- fast food/sandwicherie
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
Pour votre santé, manger au moins 5 fruits et légumes par jour.
Quand on passe en revue les concepts de street-food, que ce soient ceux que je propose ou les autres, on s’aperçoit qu’il y a peu de produits de la mer dans l’offre, pourtant, du point de vue de notre santé, on devrait consommer des produits de la mer au moins trois fois par semaine.
Certes, bien des gens n’aiment pas le poisson et les concepts consacrés aux poissons frits ne fonctionnent bien qu’au Royaume-Uni ou en Espagne. Donc, il faut inventer de nouvelles façons de consommer les produits de la mer.
Le concept que je vais maintenant vous proposer va vous permettre de créer un vrai restaurant de street-food qui proposera de façon attractive et économique des repas marins et vous permettra, vous aussi, de gagner de l’argent sur le même créneau de marché que les sandwicheries, les kebabs et les fast-foods. On sera même parfois diététique, et on offrira aux consommateurs, qui, de plus en plus souvent le midi, utilisent ce type de restauration l’opportunité de varier leur alimentation.
Quand on fait des recherches sur les nouvelles formes de restauration à venir, il faut penser aux produits et surtout à leur évolution, tant technique qu’économique. Prenons un exemple, il y a une cinquantaine d’année, le poulet était dans les villes presque un produit de luxe. Parce qu’il était encore produit de façon tout à fait artisanale et distribué de la même manière. Aujourd’hui, son mode de production a changé et il est devenu une des bases principales de notre alimentation. On peut l’acheter entier, découpé, pané, assaisonné, frais ou surgelé et une enseigne de fast-food lui est même consacrée! Elles sont loin les basse-cours d’antan !
Pour notre concept, nous allons utiliser un produit qui a connu exactement la même évolution et qui a, en plus, et c’est important pour nous, gardé une image plus chic et glamour que le poulet : La crevette ! Là, vous devez vraiment me prendre pour un fou ! Alors, pour conserver votre estime, je vais être obligé de vous démontrer l’extrême pertinence de ce concept.
La crevette était, il y a encore peu de temps un produit de luxe, pêché artisanalement. C’est un produit très nutritif et, comme beaucoup de produits de la mer, très peu gras. Dans les années 1970, l’agence des Nations-Unies qui s’occupe des questions d’alimentation et de lutter contre la faim dans le monde, la F.A.O, s’est intéressée aux crevettes. Dans un rapport, elle mettait en évidence qu’avec sa vitesse de croissance, de reproduction ainsi que sa très forte teneur en protéines, la crevette, qu’elle conseillait d’élever plutôt que de pêcher, deviendrait un des produits phares de l’alimentation humaine. Pour l’anecdote, ses experts avaient même préconisé de créer dans les pays du sud des usines où les crevettes, élevées à côté, seraient transformés en pâté en boîte, peu onéreux et facile à conserver et à utiliser, là où la nourriture manque. L’aquaculture de la crevette s’est donc considérablement développée. On en élève chaque année de plus en plus, il semblerait que l’on ait même atteint les deux millions de tonnes par an. Et ils s’en élèvent maintenant sur toutes les côtes tropicales du monde.
D’un point de vue gustatif, il est vrai que l’on est loin des crevettes de nos mers froides et il est vrai que quand on a la chance de pouvoir déguster un bouquet de Chausey ou de Sanlucar de Barrameda, on mesure la différence de finesse. Mais au moins, les crevettes tropicales d’élevage nous permettent, grâce à un prix très bas de mettre ce produit à la portée de tous, et donc d’en faire un produit de street-food, ce qu’il est déjà d’ailleurs parfois, en Asie ou en Espagne où dans les fêtes foraines et férias on vend des cornets de crevettes frites.
Autre charme de la crevette, son goût assez neutre se prête à toutes sortes de préparations et d’assaisonnements, presque tous les modes de cuisson lui conviennent et on peut la déguster chaude ou froide. Et en plus, elles cuisent très vite ! Presqu’aucun autre aliment n’a ces caractéristiques ! D’ailleurs, les cuisines du monde entier nous donnent mille et unes façons de les préparer. D’ailleurs, vous le verrez, on aura, avec nos crevettes, un menu très séduisant pour un concept de street-food.
Maintenant, parlons un peu de clients. Si beaucoup de gens n’aiment que peu ou pas du tout le poisson, la crevette est plus fédératrice. J’ai souvent constaté qu’il existe de nombreuses personnes qui, comme produits de la mer, ne consomment que moules-frites, crevettes et saumon fumé. En fait, une très grande majorité de gens aime les crevettes, même chez les enfants. Il y a sans doute autant de gens qui aiment les crevettes que de gens qui aiment les kebabs ou les hamburgers. Donc, la crevette est tout à fait légitime comme base d’un concept de street-food. J’ai également remarqué que les femmes sont souvent très friandes de crevettes.
Maintenant, je pense que vous avez compris que je n’étais pas subitement devenu fou et vous allez maintenant pouvoir découvrir votre futur restaurant pleinement rassuré.
Un concept de street-food, par définition, est un concept urbain. Vous vous implanterez dans une agglomération d’au moins 100 000 habitants soit en plein centre-ville, soit dans une zone ultra commerçante. Pour réussir, il vous faut deux vecteurs de clientèle : beaucoup d’employés de bureau et beaucoup de commerces. L’idéal serait qu’il y ait déjà une offre importante de street-food, ça prouve que le client est là.
Vous n’aurez pas besoin de choisir un emplacement numéro un pour votre local, ça serait sans doute hors-budget et vous n’en avez pas besoin, recherchez plutôt le voisinage de vos futurs concurrents. Dans les concepts urbains actuels, je déteste particulièrement, ces sandwicheries prétendument saines et diététiques où on installe des armoires frigorifiques garnies de yaourts, de smoothies, de salades composées et de salades de fruits à des prix exorbitants destinés à la clientèle féminine en priorité. Les premiers de ces établissements étaient novateurs, mais maintenant qu’il y en a des dizaines d’enseignes dans le monde, je trouve ça déjà complètement ringard et sans imagination. Et tout ce que vous lisez dans mes concepts, c’est mon combat personnel contre l’uniformité et le manque d’imagination. Donc ? Si vous avez une ou deux de ces enseignes à proximité, là vous tiendrez un emplacement de choix.
Pour l’équipement de cuisine, trouvez de l’occasion, c’est moins cher. Vous aurez besoin d’armoires froides positives et négatives, d’un meuble snack réfrigéré, de deux friteuses, d’une salamandre et d’une plancha. Pour la salle, quelques mange-debout suffiront. Pensez à l’extraction.
En matière de décoration, libre à vous. Pour une fois, je vais même vous inciter à vous lâcher, et même un peu de kitsch sera le bienvenu, vous avez même le droit à la crevette géante en enseigne ou d’embaucher un grapheur talentueux pour habiller votre salle d’une fresque à la gloire de notre crustacé préféré !
Vous l’attendiez, on va maintenant parler de votre carte. Une des forces principale de ce concept, c’est que toutes les crevettes qu’il vous faut, vous les trouverez surgelées chez les fournisseurs spécialisés, dont vous comparerez sans cesse les prix avec l’hypermarché du coin ou le supermarché chinois.
Vos crevettes, vous allez les vendre de différentes façons :
- Vous en ferez quatre types de brochettes grillées : tandoori, naturelles avec de la fleur de sel, au satay et à la provençale (des herbes de Provence, mais pas trop d’ail quand même) et vous les servirez soit avec des frites dans le même type de barquettes que les kebabs, soit en sandwich après avoir retiré le pic à brochettes. Pour ne pas proposer que des frites, vous pourrez proposer de la salade et, si vous en avez envie, vous équiper d’un cuiseur à riz et bénéficier ainsi d’un accompagnement supplémentaire. Vos marinades satay ou tandoori existent prêtes à l’emploi, la sauce satay aussi, quand à la sauce raïta qui accompagne traditionnellement les grillades tandoori, je n’en connais pas de bonne toute faite, mais c’est facile à réaliser.
- Vous proposerez aussi des sandwiches à base de crevettes décortiquées, voici plusieurs compositions, mais vous pouvez en inventer d’autres. Tout d’abord, un très traditionnel pain baguette beurre salé, persil, crevettes que vous pourrez appeler atlantique ou breton. Excellentissime, un sandwich dés de tomates, mayonnaise persil crevettes grises ou nordiques dans un pain baguette, directement inspiré de la recette belge des tomates à l’ostendaise. Vous proposerez également un sandwich mexicain « wrapé » dans une tortilla de maïs composé de guacamole, coriandre fraîche, salade verte (pas trop) dés de tomates et bien sûr crevettes. Je vous conseille aussi un sandwich aux senteurs italiennes, dans un pain ciabatta : crevettes avec tomate, basilic, olives noires et roquette.
- Vous créerez évidemment deux ou trois salades composées à partir de vos crevettes, une italienne et une ostendaise, par exemple !
- Dernière déclinaison de la crevette, des crevettes frites en beignets ou natures. Pour les natures, on doit tout de même les fariner avant en ayant pris soin d’assaisonner votre farine préalablement. Pour les beignets utiliser la recette de pâte à frire des fish and chips. Et toutes ces crevettes frites, natures ou en beignets, vous les servirez en barquettes, avec des frites, de la salade ou du riz si vous choisissez d’en proposer. Comme vos brochettes, avec une sauce au choix, n’oubliez pas la sauce tartare qui est, pour moi, la plus appropriée.
Pour les boissons et desserts, copiez les offres des enseignes de sandwicherie un peu chic, essayez aussi d’avoir des petites bouteilles de vin blanc et rosé. Essayez d’apporter du soin à la sélection de vos desserts, votre clientèle sera souvent féminine donc gourmande.
En matière de publicité, contentez vous de petits tracts avec juste une ou deux couleurs (c’est moins cher à imprimer) que vous irez donner vous-même en vous présentant dans les commerces et entreprises du secteur. Ces mêmes tracts vous en déposerez sous les essuie-glaces des voitures en stationnement dans les parkings du secteur. Votre vitrine et le bouche à oreilles feront le reste de votre communication.
Voilà, grâce à vous, la crevette va faire une entrée triomphale dans la street-food. J’espère que vous serez nombreux à emprunter cette voie. C’est vrai que l’idée est plus qu’originale, mais j’espère vraiment vous avoir convaincu de sa pertinence, car les clients seront, à mon avis, bien moins difficiles à convaincre. Et il n’y aura pas besoin de leur faire lire un texte de 8723 caractères pour qu’ils viennent manger chez vous !
